Retour sur l’édition 2016
Olivier Kaeppelin, critique d’art invité 2016
Avec l’invitation à la Fondation Maeght, il apparaissait naturel d’inviter Olivier Kaeppelin à poser son regard sur la foire.
Olivier Kaeppelin est Enseignant à Paris 8 puis à Paris I, de 1974 à 1986, après un passage à l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, de 1980 à 1983. Il rejoint le ministère de la Culture et la Délégation aux arts plastiques où il occupe successivement les postes de chargé de mission de 1986 à 1987, inspecteur des enseignements artistiques de 1987 à 1990, inspecteur de la création artistique de 1990 à 1993 pour en prendre la direction de 1993 à 1999. Après y avoir été producteur aux «Nuits Magnétiques», il rejoint France-Culture en 1999 en tant que directeur adjoint, chargé des programmes, avant de devenir conseiller du président de Radio-France pour le développement de la politique culturelle du groupe. En 2004, il est nommé délégué aux Arts plastiques au ministère de la Culture et de la Communication puis occupe, de 2009 à 2011, le poste de responsable des projets au Palais de Tokyo avant de prendre la direction de la Fondation Maeght. Olivier Kaeppelin a également été commissaire de plusieurs expositions et événements notamment sur la jeune création française. Il est, par ailleurs, à l’origine de Monumenta et de la triennale La Force de l’Art. Il est l’auteur de nombreux textes et ouvrages consacrés à la création contemporaine.
Olivier Kaeppelin, critique d’art , édition 2016
La Carte Blanche de Michel Nuridsany : Anne Ferrer (son µJohn Nichols)
Invité en 2015 à apporter son regard sur la foire, Michel Nuridsany, écrivain, critique d’art, critique littéraire, commissaire d’exposition, nous propose pour cette 21e édition une exposition dédiée à l’artiste Anne Ferrer.
Le souffle par Michel Nuridsany
Anne Ferrer a l’éclat de rire facile. Elle est jeune. Jeune d’aspect, d’esprit, de coeur, jeune dans ses enthousiasmes et ses élans. Je ne vois pas comment, un jour, elle pourrait vieillir. Son travail se savoure frais comme une friandise quand elle montre ses cochons roses, ses fleurs roses, animées ou non. Le monde d’Anne Ferrer est rose bonbon. Je l’ai découverte à l’ARC, en 1992, et à la galerie Jacqueline Moussion la même année. Elle montrait des taureaux compacts et noirs, d’une virilité presque excessive, habillés de dentelles, contraste qui ne se voulait ni revendicatif, ni agressif mais érotique et joyeux. Elle avait aussi pendu au plafond, par des cordes, des boeufs écartelés, entrailles à l’air qui faisaient penser à Rembrandt et à Soutine. Les soies profuses et les couleurs rutilantes employées, tiraient plus du côté de la volupté que du côté du sang et de la mort. Anne Ferrer manie l’ironie avec insolence mais surtout avec beaucoup d’exubérance et de gaieté. Voyez ses cochons couverts de tétines et de biberons. Elle habitait alors une boucherie. Est-ce là qu’elle se trouva sensibilisée aux rapport hommes-animaux ? C’est ce qu’elle dit. Après cela, ses fleurs s’épanouissent verticale comme des érections. Des ventilations les gonflent. Le latex, les fourrures, le vinyle, le molleton, le skaï, les constituent. Ici le visuel et le tactile se mêlent avec humour.
Les sculptures légères montrées ici dans une sorte d’apesanteur heureuse, l’ont été à la galerie Michel Journiac en février à Paris. C’était la fête avec toutes ces couleurs criardes, ces courants d’air, ces oscillations des fleurs qui se déployaient, se rétractaient dans l’espace. On les caressait. On souriait. L’œuvre a été créée en novembre 2015 au Virginia Center For The Créative arts. Anne Ferrer expose beaucoup aux Etats-Unis. Le son, qui se déclenche si on s’approche, a été créé là bas par John Nichols. C’est là une respiration subtile qui s’accorde à merveille avec l’instabilité de ces sculptures qu’un souffle change en féerie.
Le projet Solo show Anne Ferrer (son John Nichols)
L’artiste française installée à Paris, lauréate de la commission 2016 du Virginia Center of Creative Art, arrive à Richmond seulement quelques jours après les attentats du 13 novembre, encore sous le choc des attaques. « Le jour de mon arrivé au VCCA j’ai décidé de faire quelque chose qui était heureux et ludique en réaction aux attentats de Paris. J’en avais besoin. J’étais malheureuse. Le lieu est sublime et ça a créé un décalage. Mélange de colère et de volonté de joie de vivre et de culpabilité d’être là dans ce cadre de rêve. John travaillait sur sa thèse dans l’atelier voisin et on a tout de suite vu une collaboration sur ce travail. Nos deux projets se sont télescopés »
Anne Ferrer : Anne a grandi en Catalogne française, puis a quitté la France pour étudier 7 ans aux États-Unis, à Oklahoma University (BFA Sculpture) et à l’Université Yale (MFA). De retour à Paris, le sentiment d’être «étrangère» dans une ville obsédée par la mode, la nourriture, le parfum, et la culture de luxe a fasciné et amusé l’artiste qui a commencé à jouer avec ces ingrédients. Le textile et ses manipulations sont devenus les principaux processus de création d’Anne Ferrer : construire, coudre, créer des formes, et y donner un sens. L’utilisation de tissus est devenu un fauteur de troubles, donnant à l’artiste un outil intéressant, audacieux, de formes et couleurs insolentes, léger, direct et facile à manipuler : les sculptures en peluche ou gonflées apportent un sentiment joyeux de gourmandise, une invasion du prêt à être dévoré. La rapidité de l’installation, son transport facile (dans une valise, un sac à main) fait partie du processus de travail, permettant la performance, l’oeuvre gonfle, respire, envahit l’espace tel un show en direct. Le travail de Ferrer a été montré au Centre Pompidou, au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, ainsi que chez Sonia Rykiel et Nina Ricci et dans divers musées comme le Musée de Séoul, l’Institut Français à Naples, le Musée de La Paz, Madrid,… Elle est également présente dans de nombreuses collections publiques et privées internationales.
John Nichols : Face à l’immédiateté de la vie, les compositions de John Nichols ont été décrites par les auditeurs comme «cosmique», «sismique» et «tectonique». Ses compositions sont reconnues internationalement avec l’obtention de nombreux prix.
En 2016, une exposition consacrée à la Fondation MAEGHT
La Fondation MAEGHT à l’honneur
Après la MEP (Maison Européenne de la Photographie) en 2015, ST-ART 2016 présente une exposition consacrée à la fondation MAEGHT
Inaugurée le 28 juillet 1964 par André Malraux, la Fondation, entièrement conçue et lancée à l’époque par le couple Aimé et Marguerite Maeght, est née de l’amitié d’Aimé Maeght, marchand d’art et galeriste parisien, avec les grands noms de l’art moderne dont Joan Miró, Alexander Calder, Fernand Léger, Georges Braque, Alberto Giacometti, Marc Chagall ou encore Eduardo Chillida.
La Fondation Maeght possède une des plus importantes collections en Europe de peintures, sculptures et œuvres graphiques du XXe siècle (Balthus, Bonnard, Braque, Calder, Chagall, Chillida, Giacometti, Léger, Miró, Ubac, Tal Coat) mais également d’artistes contemporains (Adami, Arroyo, Calzolari, Caro, Del Re, Dietman, Garouste, Hyber, Kelly, Mitchell, Monory, Pincemin, Sui Jianguo, Takis, Tàpies, Tatah…).
La Fondation Maeght est dédiée, selon la volonté de ses fondateurs, à la création de notre époque. Lors des expositions temporaires, seul un choix dans la collection permanente est exposé. Adrien Maeght préside le Conseil d’Administration de la Fondation qui réunit des personnalités, des représentants de l’Etat ainsi que des membres de la famille Maeght. Olivier Kaeppelin en est le directeur. En 2014, la Fondation Maeght a célébré son cinquantième anniversaire.
