Retour sur l’édition 2015

 

 

Michel Nuridsany, critique d’art invité 2015

Une dynamique au cœur de l’Europe

D’abord ceci : les foires d’art contemporain ont considérablement changé au cours de ces vingt dernières années, aussi bien à Paris qu’à Bâle, à Dakar ou à New Delhi. La raison ? Le nombre de plus en plus considérable de ces évènements dans le monde et le rôle du collectionneur qui, de passif (simple consommateur), est peu à peu devenu l’élément actif et central autour duquel tout s’organise : non seulement dans le marché et dans les foires mais encore sur la scène artistique y compris le musée. Pour réussir une foire aujourd’hui, il ne suffit plus de réunir simplement des galeries de bon niveau qui proposent des œuvres de qualité à vendre, donnant à voir en même temps au public local une exposition lui permettant de prendre le pouls de cet art peut être difficile, assurément changeant. Il faut attirer des collectionneurs et des galeries de toutes parts sollicités et, pour cela, constamment évoluer, se remettre en question, affirmer son dynanisme dans un monde en crise qui bouge vite. ST-ART a d’énormes atouts : sa situation au cœur de l’Europe dans une ville-carrefour abritant le Parlement Européen, son ancrage, son ancienneté, le nombre des ventes qui s’y font : 900 pour 90 galeries l’an dernier !
Important, tout cela ; mais l’essentiel, pour moi n’est pas là. Il se situe dans son désir, pour sa 20e édition, d’affirmer sa vitalité en se lançant dans une batterie impressionnante de réformes, toutes témoignant du souci de renouveler les forces vives de la foire : création d’un secteur de l’édition, sectorisation de la manifestation par grands courants pour une meilleure lisibilité de ce qui s’y passe, amélioration du suivi matériel des œuvres vendues. Ce n’est pas tout : le pôle photo créé cette année, va s’enrichir de la présence d’une institution culturelle française de premier plan, la Maison Européenne de la Photographie, imaginée et dirigée par un homme qui est à l’origine aussi du mois de la photo imité dans le monde entier, qui sait insuffler allant, énergie à tout ce qu’il fait et entraîner avec lui un public jeune, nombreux : Jean Luc Monterosso. Bref, ST-ART décide de ne pas se contenter de son statut de première foire de province après Paris, mais de répondre à sa vraie vocation : devenir, au coeur de l’Europe, la foire internationale que le nombre de galeries étrangères participant à la manifestation et le grand mouvement vital qui l’anime, lui permet de revendiquer.

Michel Nuridsany, critique d’art, édition 2015

En 2015, pour ses 20 ans ST-ART met à l’honneur la photographie

La MEP (Maison Européenne de la Photographie) à l’honneur

Invitée d’honneur de la 20e édition de ST-ART, la MEP, Maison Européenne de la Photographie, présente sur 100 m2 ses collections au travers un solo show consacré à Bettina Rheims et un programme vidéo présentant le travail de trois vidéastes : Zhenchen Liu, Clorinde Durand et Béatrice Pediconi. Parralèlement à cette invitation, ST-ART se dote d’un secteur photo composé d’une dizaine de galeries spécialisées qui présenteront sur leur stand le travail d’un photographe ou vidéaste.

Crédit photo Philippe Stirnweiss

Depuis 20 ans, la Maison Européenne de la Photographie (MEP), située en plein cœur historique de la capitale, est un musée entièrement dévolu à la photographie. Voué à la création contemporaine, cet établissement culturel, subventionné par la ville de Paris, abrite des salles d’exposition, une grande bibliothèque de consultation, 25 000 ouvrages, une vidéothèque rassemblant l’essentiel des films réalisés par et sur les photographes et un auditorium. Maison du regard, elle offre à un large public un accès convivial aux trois supports de diffusion essentiels de la photographie que sont le tirage d’exposition, la page imprimée et le film. Montrer, conserver, restaurer, soutenir sont les missions essentielles de la MEP pour la diffusion de la photographie.
Sortir de ses murs, sortir de Paris pour aller à la rencontre des publics fait également partie de son rôle et la MEP est présente dans de nombreuses manifestations dédiées à la photographie historique et contemporaine.
Cette année nous avons voulu aller plus loin en étant présent dans la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg. Nous sommes heureux de pouvoir y présenter en avant-première quelques-unes des photos les plus iconiques de Bettina Rheims ainsi que 3 vidéos d’artistes internationaux de nos collections produites au Fresnoy.
Cette participation de la MEP à ST-ART est aussi l’occasion de donner toute sa place à la photographie dans une foire d’art contemporain et de rapprocher les institutions et le marché de l’art. Et la MEP est très heureuse que Michel Nuridsany préface le catalogue de ST-ART 2015. Il est, en effet, le critique d’art qui a joué un rôle majeur dans l’évolution de la place de l’image photographique dans le paysage culturel, depuis plus de 30 ans. La MEP bénéficie également de donations importantes, provenant des artistes eux-mêmes (Harry Callahan, Jim Dine, Raymond Depardon, Ralph Gibson, Hiro, Ikko Narahara, Irving Penn …), ou de mécènes (Fondation du Reader’s Digest, Dai Nippon Printing Co.Ltd. à Tokyo, Fondation Elsa Peretti, Fondation Neuflize Vie, Société Epson…).

 

Bettina Rheims

En avant première de sa grande exposition rétrospective de janvier 2016, Bettina Rheims nous livre quelques-unes de ses photos les plus iconiques.
C’est en 1978 que tout commence, lorsqu’elle rencontre des stripteaseuses et qu’elle les photographie. Cette première série fait rapidement l’objet d’expositions et marque le début d’une longue carrière. Bettina Rheims se consacre alors entièrement à la photographie et à sa passion pour l’art et pour le sujet féminin. Tout au long de son parcours, elle alterne travail artistique et travail de commande – collaborant ainsi avec de grandes marques et des magazines renommés. Sa sensibilité et son approche du modèle féminin, qu’elle magnifie dans sa nudité, en font une des photographes majeures de son temps et l’amène à travailler avec de nombreuses célébrités telles que Madonna, Charlotte Rampling, Catherine Deneuve, Marianne Faithfull, Asia Argento, …. ainsi que des mannequins de renommée internationale comme Kate Moss, Claudia Schiffer ou Naomi Campbell.
En 1995 Bettina Rheims est choisie pour réaliser le portrait officiel du Président Jacques Chirac. Depuis les années 1980, parfois avec la complicité du romancier Serge Bramly, Bettina Rheims développe ses recherches et son discours artistique: une nouvelle approche du corps féminin, une interaction avec le modèle et le photographe qui confine à l’intime, une liberté de regard sur la place du corps et l’image sociale qu’il projette, …Que ce soit dans son approche des femmes (dès 1990 avec la série «Chambre Close») ou son regard sur le genre (en 1989 avec «Modern Lovers» et en 2013 avec «Gender Studies»), son travail trouve une résonnance dans chaque couche de la société.
En janvier 2016, la MEP – Maison Européenne de la Photographie – lui consacrera une grande exposition rétrospective et dès novembre 2015 paraîtra chez TASCHEN le grand livre «Bettina Rheims» couvrant ses 30 années de carrière.

Programme Vidéo

En regard de l’exposition consacrée à Bettina Rheims, la MEP présentera le travail de trois vidéastes présents dans ses collections. Aujourd’hui, alors que les frontières entre catégories artistiques s’estompent, la vidéo est devenue un médium incontournable au sein de l’art contemporain. De nombreux photographes y trouvent une extension du champ de la photographie, un nouvel espace d’investigation et d’expression qui, grâce à sa plasticité, leur permet de renouveler et réinventer sans cesse leur art. Pour répondre à ce phénomène, depuis 2000, la Maison européenne de la photographie a entrepris de développer, en complément de sa vaste collection de photographies, une collection de plus de 70 vidéos contemporaines.

Clorinde Durand
Naufrage, 2008, 6’
Production Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Tourcoing

Née en 1984 à Ollioules, France, elle vit et travaille à Lille.
De quoi s’agit-il ? On ne le sait pas… peut-être d’un accident, d’une explosion ? Cette jeune artiste française met en scène un naufrage métaphorique et improbable —il n’y a pas de bateau—, dont on ne voit que les victimes, les employés d’un bureau gris et aseptisé, et la chorégraphie de leurs réactions aux chocs infligés par l’impact, le tout projeté au ralenti.

 

Zhenchen Liu
Naufrage, 2008, 6’
Under Construction, 2007, 10’. Production Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Tourcoing. Version unique réalisée pour la MEP

Né en 1976 à Shanghai, il vit entre Paris et Shanghai.
Chaque année, dans le cadre des projets de réaménagement urbain de Shanghai, plus de 100 000 familles sont expulsées de leur domicile. Composé de photos animées et de vidéos documentaires, ce plan-séquence traduit la brutalité de ces décisions prises au hasard et combien cette violence touche la vie des habitants.

Beatrice Pediconi
Naufrage, 2008, 6’
Sans titre, 2015, 6’46’’. Production Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Tourcoing

Née en 1972 à Rome, elle vit à New York.
Dans ses vidéos, Beatrice Pediconi engendre des formes fluides et vaporeuses, suspendues dans l’eau avec un mélange de substances organiques comme de l’oeuf, du miel, de la crème et du sucre. Ces taches lumineuses, souvent accompagnées d’une bande sonore, se métamorphosent et semblent danser, évoquant tour à tour des méduses, un ciel nuageux, de la fumée, des microbes ou la voie Lactée.